Après avoir quitté Kunming, nous arrivons à Kathmandou. Le vol fut court… mais pas le passage de la douane. Il nous faudra 2 heures pour passer l’immigration, les 2 guichets s’occupant des visas à l’arrivée étant saturés par les dernières arrivées de touristes.
Le lendemain de notre arrivée, on rencontre le boss de l’agence des guides pour le briefing concernant les 3 semaines de trek qui nous attendent. On hérite d’une carte du circuit de l’Annapurna et d’une petite liste de courses à faire. Acheter du matos de trek est facile et bon marché dans le quartier de Thamel. On se doute bien que les vestes Gore-tex Mammut à 30 euros pièce ne sont pas authentiques, mais le matériel qu’on y a trouvé a survécu à notre aventure népalaise.
Trek, 1ère partie : de Bhulbhule à Muktinath via le col de Thorung (5416m)
Le 17 octobre, nous quittons Kathmandou pour Bhulbhule, première étape du trek. On embarque dans une voiture minuscule qui traverse la vallée luxuriante de Kathmandou. Il n’y a presque aucune ville sur le chemin, juste quelques petits commerces dans des maisons à la limite de la ruine qui semblent survivre de la vente de bananes et de sodas aux cars de touristes. La route nous mènera au village de Bhesi Sahar où on retrouve Matthieu (le frère de Val) et Mélanie qui nous accompagneront pour les 10 prochains jours. A Bhulbule, on passera la nuit dans une des nombreuses lodges qu’on retrouve sur le circuit.
Le concept de la lodge est simple : ce sont des auberges pour trekkeurs où l’on trouve beaucoup de chambres double/triple rudimentaires (petites, isolation inexistante, pas de chauffage, mais avec une literie qu’on trouve toujours confortable après une journée de marche). La chambre ne coute en général que 200 à 300 roupies (soit 2 à 3 euros), mais il faut facilement compter le double par personne pour les repas. Les villages du circuit de l’Annapurna sont souvent éloignés des grandes routes et le réapprovisionnement n’est possible qu’à dos de porteurs ou de mules. On croisera d’ailleurs pas mal de caravanes de mules et d’ânes chargés de provisions et de combustibles.
De Bhulbhule (840m), on passera par Jagat (1300m) puis Dharapani (1860m). A ces altitudes, la végétation est verdoyante et la température encore élevée. On marche en short et t-shirt dans le concert parfois assourdissant des cigales et des oiseaux.
Les 3ème, 4ème et 5ème jour nous mènent respectivement à Chame (2670m), Pisang (3200m) puis Manang (3540m). A mesure que l’altitude augmente, la végétation et les cultures changent. Le bambou laisse la place aux conifères. La culture du blé puis de la pomme de terre est préférée à celle du riz. Les buffles se font rares alors que la population de Yaks (dont le métabolisme leur impose une vie au dessus des 3000m d’altitude) augmente. Notre tenue change également. La polaire et la goretex restent rarement dans les sacs. Le temps s’éclaircie à partir de Chame. Le matin de ce 4ème jour, une météo sans nuage nous permet enfin de contempler les sommets de l’Annapurna.
Le 6ème jour, on reste à Manang pour une journée de repos et d’acclimatation. Au delà de 2500m d’altitude, comme on l’apprendra lors qu’une conférence cette après-midi là au dispensaire du village, le MAM (Mal Aigu des Montagnes) peut commencer à se faire sentir. Bien que les premiers symptômes soient bénins (maux de de tête, nausées…) ces derniers peuvent s’aggraver progressivement jusqu’à causer une embolie pulmonaire et/ou cérébrale. Pour cette raison, il arrive encore que quelques trekkeurs imprudents ne reviennent pas vivants de leur séjour sur les sentiers de l’Annapurna.
Le Diamox (et plus homéopathiquement la soupe d’aïl et le thé au gingembre) aide à supporter les symptômes, mais la seule vraie prévention du MAM est une ascension lente et son seul remède en cas d’aggravation est de redescendre immédiatement. Coïncidence, ce jour de repos est aussi le jour de mon anniversaire. Je ne sais pas comment il a fait, mais notre guide est parvenu à trouver un gâteau au chocolat customisé pour l’occasion !
Les 7ème et 8ème jour, on passe par Yak Kharka (4050m) puis le High Camp de Thorung (4925m). Malgré les précautions, je ressens les symptômes du MAM. Au high camp, j’ai le souffle court et ma nuit sera troublée par un méchant mal de crâne. C’est dopé au Diamox et aux antalgiques que je me réveille avec les autres à 4h du matin pour passer le col de Thorung à 5416m d’altitude, quelques 600m de plus que le Mont Blanc. Le début de l’ascension se fait à la lumière des étoiles et des frontales. Il fait froid et l’altitude rend la respiration plus difficile. C’est avec plaisir qu’on voit l’aube arriver. Et c’est avec encore plus de plaisir qu’on arrive au point culminant du col de Thorung. La journée n’en est pas finie pour autant, une longue descente de presque 2000m nous attend pour rejoindre Muktinath (3760m).
Trek, 2ème partie : de Tatopani à Kande via le camp de base de l’Annapurna (4130m)
De Muktinath à Tatopani (1190m) existe une route de terre battue que se partagent trekkeurs et 4×4. Quelque soit le camp qu’on choisisse, on se retrouvera à manger la poussière soulevée par les véhicules. On choisit donc l’option qui augmentera notre emprunte carbone car c’est aussi l’option qui fera qu’on bouffera de la poussière moins longtemps. On passe par Jomsom où Matthieu et Mélanie nous quittent pour rentrer au pays. A Jomsom, on embarque dans un bus népalais bondé qui trompera la mort pendant 3 heures sur les routes vertigineuses qui nous séparent de Ghasa. Depuis Ghasa, un dernier saut de puce en Jeep nous permet d’atteindre Tatopani, village de départ de la 2ème partie de notre trek. Après le froid sec des hautes altitudes, c’est très étrange de retrouver la chaleur moite des villages de la vallée.
La première journée de ce trek commence sur les chapeaux de roue : 1700m de dénivelés positifs dans la journée. Nous faisons connaissance avec ceux qui deviendront vite la Némésis de Val : les escaliers (aux marches « aléatoires »). Contrairement à la première partie du trek, on trouvera encore beaucoup, beaucoup d’escaliers sur la route vers le camp de base de l’Annapurna. Arrivés à notre destination du jour, Ghorepani (2860m), le brouillard s’installe. Dès le couché du soleil, le froid se fait sentir. On passera la soirée dans un café du village qui propose un bon feu et du wifi. Je ne saurais dire lequel de ces luxes était le plus agréable.
Le second jour, on se lève avant l’aube pour se rendre au sommet de Poon Hill (3193m). Beaucoup d’autres voyageurs ont eu la même idée. Du coup, on est loin d’être seul. Pourtant, le lever de soleil sur les sommets de l’Annapurna reste un spectacle extraordinaire.
Après cette ascension matinale, nous pensions avoir une journée plus cool puisque notre destination se trouve à une altitude moins élevée… Et bien non, ce jour là, nous avons parcouru plus de 830m de dénivelés positifs. Notre chance avec la météo prendra fin rapidement. Le temps se couvre vite durant la matinée et notre destination du jour, Tadapani (2630m), est noyée dans le brouillard. La soirée se passera blottis près d’un feu qui semble produire plus de fumée que de chaleur.
Les 3ème et 4ème jours nous menèrent successivement à Chhomrong (2170m) puis Dhovan (2600m). Bien qu’on ne parcoure pas beaucoup de chemin, le terrain très vallonné et la météo rendent la progression lente. On ne marche qu’en matinées et débuts d’après-midi. Passé ce délai, les nuages couvrent le ciel et il se met souvent à pleuvoir en fin de journée.
Le 5ème jour, on rallie le camp de base du Machhapuchhare (3700m). Si la matinée est superbe, un brouillard très épais, presque oppressant, nous entoure après le déjeuner. Une heure avant l’arrivée au camp de base, une neige humide se met à tomber. C’est un véritable soulagement d’arriver au camp. L’air extrêmement humide rend le froid difficile à supporter et empêche nos vêtements de sécher.
Le 6ème jour, on se lève à nouveau bien avant l’aube pour se rendre au camp de base de l’Annapurna (4130m), situé à 2 heures de marche. Il a neigé pendant une bonne partie de la nuit, mais le passage de ceux qui nous ont précédés a tracé un sentier de neige tassé sur lequel on peut marcher sans trop de difficulté. Comme pour le col de Thorung, on commence l’ascension à la frontale jusqu’à ce que les lueurs de l’aube soient assez claires. L’arrivée au sanctuaire de l’Annapurna est spectaculaire : les sommets nous entourent où que l’on regarde. On a l’impression de se trouver prisonnier des montagnes et que l’escalade de ces géants de roche et de neige représente la seule échappatoire.
Après en avoir pris plein les yeux, on commence la longue descente en passant par les villages traversés les jours précédents. Il nous faudra 5 jours pour rejoindre la route principale au niveau de Kande. 5 jours pendant lesquels, avec la baisse d’altitude, le froid diminue. Certains après-midi restent pluvieux et je me prends à rêver du climat chaud et sec des vallées.
Mille mercis pour cette tranche de rêve et d’émotion
jm
Mille mercis pour cette tranche de rêve et d’émotion
jm
Merci à vous et à Mausi de nous avoir permis de vivre une si belle expérience, inoubliable !!
Bonne roots
Matt