Aller au Japon dans le cadre d’un tour du monde, c’était un peu comme le principe du film « Inception » pour moi : c’était un rêve dans le rêve. Ma hantise était de repartir déçu de ce séjour que j’attendais depuis très longtemps. Mais dans l’avion qui m’emmenait de Tokyo à Los Angeles, j’avais déjà la conviction que je reviendrai vite au pays du soleil levant tant ces 4 semaines passées ont été un enchantement pour les yeux… et les papilles.
Okinawa
Tout au sud du Japon s’étend un chapelet d’îles : Iriomote-jima, Iwo-jima… et Okinawa-jima. C’est là qu’on a passé nos 5 premières journées sur le sol nippon. Sans doute à cause de son climat tropical et de son entrée historiquement tardive au sein de la nation japonaise, l’ambiance y est plutôt relax.
On y découvre les emblèmes d’Okinawa : les shisaas, gardiens fantastiques mi-lion, mi-chien qui gardent souvent les temples et les maisons.
Un shisaa veille sur une autre créature sacrée.
A Naha, ville principale d’Okinawa, on a visité le château Shuri et aussi le très impressionnant aquarium de Chiraumi. C’est un des rares aquariums assez grands pour accueillir les titanesques requins-baleines. Cerise sur le gâteau, il y a un petit restaurant accolé au bassin principal. Il y a de quoi se sentir comme un méchant dans James Bond en siroter tranquillement un bourbon (dans notre cas, un lait à la mangue… on fait avec ce que propose le restau) pendant que, en arrière plan, les requins-baleines nagent d’un air menaçant.
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Une petite foule tente de maintenir ce requin baleine à distance avec des téléphones portables.
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Val envisage d’installer un aquarium du même genre chez nous.
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Un banc de poisson s’écarte prestement de la route de cette raie manta.
On a aussi profité des quelques spécialités culinaires de l’île. On a surtout retenu les douceurs comme les beignets frits (Saataa andagi), les crêpes fourrées de la chaine « blue seal » et de très bonnes tartelettes à patate douce.
Tartelettes à la patate douce (croyez le, c’est sans colorant).
Après ces quelques jours, on embarque à bord d’un ferry qui nous a menés, après 25 heurs de croisière, à Kagoshima, au sud de Kyushu.
Kyushu
Arrivé à Kagoshima, on fait 2 découvertes. L’une encourageante, une autre inquiétante. Les cerisiers commencent à bourgeonner ! Le temps du hanami (festival des cerisiers en fleur) est donc pour bientôt. Mais plus inquiétant est le nuage de fumée qui sort du Sakura-jima, le volcan situé aux portes de la ville. Même si ce volcan, l’un des plus actif du Japon, pourrait bien un jour détruire Kagoshima, il est la fierté des habitants. Il existe même des peluches à son effigie.
Sakura en fleur et Sakura-jima en éruption. Un poète en ferait surement un excellent haïku.
Le jour suivant, on a pris possession de nos Japan Rail Pass. Ces sésames nous ont permis de prendre presque tous les trains de notre séjour au Japon gratuitement et sans réservation, y comprit les fameux shinkansens, l’équivalent des TGV… mais sans les retards ni les grèves. On s’est alors rendu un peu plus au nord dans la ville de Beppu, surtout connue pour ses onsens (sources thermales) et ses jigokus (littéralement « enfers », ce sont en fait des geysers et des sources trop chaudes pour s’y baigner).
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La vapeur de ce jigoku est si chaude qu’elle fait fondre les pièces.
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Umi-jigoku, l’enfer de l’océan.
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Un héron prend son envol près d’un cerisier.
Honshu
Notre première destination sur Honshu, l’île principale du Japon, fut Hiroshima. Difficile de croire que cette ville fut entièrement rasée il y a une soixantaine d’années. Aujourd’hui, Hiroshima est une ville prospère débordant d’activité mais le parc de la paix et le musée de la bombe rappellent son lourd passé. Difficile de rester de marbre en visitant le parc de la paix, en passant à coté du « Dôme » (un des seuls bâtiments ayant survécu à l’explosion) et en voyant les mémoriaux honorant des morts dont on ne retrouva que les cendres.
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Le Dôme, laissé inchangé depuis la bombe.
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Un des mémoriaux du parc.
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Hiroshima avant…
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et après.
On s’est rendu à Nara sous un beau soleil de printemps. Cette petite ville située à coté de Kyoto est célèbre pour ses nombreux temples et aussi pour les nombreux cerfs en liberté dans les parcs alentour. On peut même leur acheter des biscuits qu’ils vont parfois chercher jusque dans les poches des visiteurs.
Passer une nuit à Nara est une bonne idée car cela permet de visiter les temples à 2 bons moments : le soir, juste avant le coucher du soleil, quand les parcs sont déserts. Et le matin, avant que les hordes de touristes ne débarquent de Kyoto.
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Un cerf passe nonchalamment près des portes d’un temple.
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Des prédictions ont été accrochées aux branches des arbres. Certains pensent qu’ainsi les bonnes prédictions se réaliseront et que les mauvaises seront purifiées.
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Le soleil se couche sur Nara.
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Un cerf solitaire dans un des parcs de Nara.
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Ici aussi, les arbres commencent leurs floraisons.
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Un cerf, repu des biscuits que je viens de lui donner.
On a visité Kyoto pendant quelques jours. Ici aussi les cerisiers ont bien commencé leur floraison. C’est vraiment agréable de se promener dans les temples et les jardins près de Higashiyama, à l’est de la ville.
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« Etre rien qu’en vie – à l’ombre des cerisiers – cela est un miracle » Haiku de Kobayashi Issa.
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Un chat, apporté ici par son maître, profite aussi du Hanami.
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Dans le parc impérial de Kyoto, les japonais viennent nombreux pour admirer les cerisiers.
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Un jardin d’enfant désert où un cerisier fleuri à l’abri des regards.
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Près du canal, une rue bordée de sakuras.
On s’est aussi rendu dans la forêt de bambou à Arashiyama, au nord-ouest de Kyoto. Dans cette forêt se trouvent quelques temples et aussi la très belle demeure d’Okochi Denjiro, un acteur des années 30. Au-delà des bambous se trouve des collines parsemées ici et là d’arbres en fleurs.
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La forêt de bambous.
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La résidence d’Okochi Denjiro, un acteur qui semble avoir eut un certain succès.
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Les collines de Matsuominamimatsuoyama (sic !) à l’ouest de la forêt de bambou.
Pour se reposer, on a également passé une nuit à Kinosaki onsen, petite ville située à environ 2h de train de Kyoto. Comme son nom l’indique, cette ville est célèbre pour ses sources thermales (onsen). On a passé la nuit dans un ryokan de luxe qui a fait pleurer mon portefeuille, mais qui valait le moindre yen dépensé. Vue sur le jardin, accès gratuit à tous les onsens de la ville et surtout repas kaiseki (haute cuisine japonaise) inclus. Un repas où la grande qualité égalait aussi la grande quantité. Au moment de notre séjour, c’était la saison du crabe… un régal !
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Quelle classe !
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Itadakimasu (Bon appétit) !
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Promenade nocturne à la lueur des lampions.
Après plusieurs trains et un funiculaire, on est arrivé à Koya-san, une montagne au sud d’Osaka. C’est un coin encore assez sauvage où ont été construits beaucoup de monastères. Certains d’entre eux accueillent les voyageurs, ils sont alors appelés « shukubo ». Des repas (strictement végétariens) y sont servis et les voyageurs sont encouragés à assister au service religieux du matin. C’est une expérience assez extraordinaire de se réveiller au lever du jour pour rejoindre dans un grand silence la salle de prière et d’écouter les moines psalmodier les textes sacrés.
A Koya-san se trouve surtout le gigantesque cimetière d’Oku-no-in où près de 200 000 pierres tombales sont parsemées dans une forêt de cryptomerias.
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Bel endroit pour un dernier repos.
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Les Jizo gardent le pont qui mène au Toro-do (le temple des lanternes).
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Chacune de ces lanternes porte un mantra différent.
Après un nouveau long voyage en train, on arrive à la capitale : la mégalopole de Tokyo. Il y avait beaucoup de vieux rêves que je voulais réaliser ici. Traîner à Jimbosho à la recherche de mangas, passer une journée à Hakihabara (le quartier des geeks et des otakus), faire au tour au zoo d’Ueno, manger des sushis près du marché Tsukiji (le plus grand marché aux poissons du monde), visiter le musée Ghibli, aller dans un neko kissate (un bar à chats)… Le résultat en images :
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A Jimbosho, voici une toute petite partie d’une librairie gigantesque (5 étages pleins à ras bord).
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Hakihabara, un magasin qui ne vend que des jeux vidéo rétro.
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Un panda boulotte une tige de bambou au zoo d’Ueno.
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Toujours au zoo d’Ueno, une espèce de coyote prend une pose kawaii.
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A Shinjuku, on a passé un peu de temps dans un bar à chats.
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Au sommet du musée Ghibli, un robot du château dans le ciel monte la garde.
Hokkaido
Après quelques jours, on a pris le train de nuit pour Sapporo. Un voyage de près de 16h pour franchir les quelques 1300 km qui nous séparaient de la principale ville de l’île d’Hokkaido, au nord du Japon. Changement d’ambiance et de température ! Le printemps n’est pas encore arrivé dans cette île septentrionale. On ressort vite les vêtements du Népal qui suffisent tout juste à nous protéger du froid. Mais Sapporo offre de belles compensations. En particulier, sa spécialité culinaire : le Jingisukan (retranscription nippone de « Genghis Khan »), un espèce de barbecue d’agneau.
Un Jingisukan. Exactement ce qu’il faut pour combattre le froid d’Hokkaido.
Les derniers jours de notre voyage au pays du soleil levant se sont écoulés près du parc naturel de Daisetstuzan dans le village d’Asahidake Onsen. Là-bas, encore plus qu’à Sapporo, l’hiver est encore bien présent. De fortes chutes de neige nous ont accueillis. Mais les jours suivants ont été assez ensoleillés pour une balade en raquette dans le parc.
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Vue depuis notre chambre lors de notre arrivée.
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Balade en raquette dans le parc de Daisetsuzan.
Un mois n’aura pas été suffisant pour explorer toutes les merveilles du Japon. Mais il nous faut poursuivre notre voyage. Prochaine étape : les USA !